Jusqu'au bout
photo : Nicola Ranaldi
Il faisait chaud, pas de ventilo dans la chambre, on a juste entrouvert la fenêtre et tiré un peu les rideaux, dans la pénombre estivale on pouvait voir la poussière suspendue dans l'air et en même temps entendre le bruit de la capitale, un peu atténué par les immeubles autour. J'ai enlevé mes rangers et fait glisser mon jean le long de mes jambes, c'est lui qui a retiré mon haut, ses mains qui frôlaient ma peau, si douces et qui me rendent folle, c'était comme une secousse électrique dans mon corps déjà tout en feu.
J'avais envie de lui bien sûr parce qu'il m'avait tant manqué, mais aussi parce que tout de lui m'a toujours excitée, parce que son univers et le mien c'est le même excès de sexe, les mêmes fantasmes partagés, les mêmes images perverses, la même brutalité, la même pureté j'allais dire, si étrange ce mot pusse-t-il paraître dans tel contexte, je le maintiens : le sexe à l'état brut, à l'état pur, libre de toute entrave, de toute arrière-pensée aussi, léger comme la délicate mousse d'une bière fraîche un soir d'été. C'est ça le sexe avec lui, et c'est bien plus que du plaisir, c'est le bonheur comme il est rare de le vivre.
J'ai commencé par le prendre dans ma bouche, il était déjà énorme mais j'adore relever ce défi, faire doucement glisser sa queue toute dure dans ma bouche, relever un peu les yeux vers lui, rencontrer son regard qui me provoque davantage et poursuivre le travail comme jamais - car c'est toujours la première fois quand je le suce, puis peu à peu accélerer le rythme, sentir le moment où il n'en peut plus et veut prendre les commandes, les lui laisser un moment pour mieux le reprendre ensuite, être en cet instant sa chose, ma tête dans sa main, sa belle bite dans ma bouche à son rythme de plus en plus fort, prise comme il veut, me laisser faire encore, puis soudain resserer juste un peu l'anneau humide de mes lèvres sur l'énorme bâton, y aller enfin comme une brute, sentir la sève monter, là sous ma langue, sous la peau fine et douce que j'aime tant, me faire encore plus irréssistible parce qu'en cet instant je le veux vraiment comme ça, tout entier en moi.
Mais il sait toujours me faire jouir avant. Malgré ma très grande maîtrise. Peut-être aussi parce qu'entre ses mains j'aime tant m'abandonner, être à lui. Ses doigts ont pris possession de moi avec la même violence que ma bouche, je sens que je mouille comme pas possible, il me défonce la chatte tout en me regardant, j'adore son regard, rien que pour ses yeux en cet instant j'accepte de tout abandonner, tout donner, me livrer sur cette main tant aimée - avant d'avoir le droit ultime de le faire enfin venir.
Les sursauts de mon orgasme ne sont pas complètement finis que déjà je le reprends entre mes lèvres inassouvies. Cette fois je sais qu'il ira jusqu'au bout. Au bout de ma langue gourmande, de ma bouche exigeante et désireuse, au bout de notre fantasme partagé,à nouveau je sens monter son sperme, c'est tellement ennivrant cette sensation unique dans ma bouche, comme de petites secousses, j'adore, il a fermé les yeux, je pompe tant que je peux ça va être merveilleux.
- Je viens, tu vas prendre, tu vas tout prendre !
Voilà, j'ai la bouche pleine de lui, je pompe encore, beaucoup plus lentement, doucement,tendrement, tout en lui caressant les couilles.J'attends qu'il se soit complètement vidé et que ma bouche soit bien pleine. Le goût unique de son sperme, d'une rare douceur, je l'aime comme je l'aime lui. Enfin, tout en le regardant j'avale tout. Je lèche bien mes lèvres ensuite, avec ma langue, je ne veux pas laisser la plus petite goutte de cette liqueur délicieuse.
- Je t'aime, ai-je dit, et soudain le soleil a transpercé l'interstice ouvert entre les rideaux, j'ai senti combien il était comblé, c'est tout ce que je désire sur cette terre, j'ai souri, ses caresses sur ma peau m'ont donné des frissons malgré la chaleur torride, alors que sa voix touchait mon coeur encore battant de cette mémorable fellation :
- Je t'aime...
Ensuite il était l'heure de l'apéro déjà.