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La Hussarde
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14 juin 2013

Des enfers

EricKroll

photo : Eric Kroll

Ne pas me retourner, ne pas regarder, ne pas me souvenir.

Cet homme à mes pieds qui supplie, qui tend vers mes mains vides les liens de son plaisir et vers mes yeux vides de lui le kaleidoscope des images tentatrices, cordes dénouées à jamais gisant sur le sol froid, cuir maculé de sang, déchiré par endroits, lanières durcies d'avoir trop longtemps trempé dans l'eau salée, ô douleur, ô plaisir, où donc s'échappent les souvenirs quand l'âme a distancé le vécu ?

La cravache au manche d'argent, inutile trophée, à présent bien rangée dans un compartiment de mon dressing - ira-t-elle simplement frôler la croupe de mon cheval quand il s'écartera de la trajectoire imposée, ou bien servira-t-elle à caresser et à punir un autre que toi ? J'ai décidé un jour, les mains ensanglantées et le coeur abîmé, de te retirer tous mes dons, tous mes impératifs aussi, tous mes ordres et tous mes caprices, comme mes plus douces récompenses car tu n'en fus pas digne.

Pour autant je ne puis dire si je me servirai à nouveau de cette belle cravache ni de quoi que ce soit.

Féminine Orphée je saurai ne pas commettre l'erreur, ne pas me retourner. Tes pleurs, tes soupirs, ton désir, tes pulsions, tout ce qui pourrait m'honorer, me faire frémir, me faire douter, me faire réviser mon jugement, résonnent en moi plutôt comme autant de signaux d'alerte, ne pas me retourner, ne pas céder, ne pas te donner ce qu'en cet instant peut-être tu mérites -mais que tu ne mérites plus à mes côtés, plus jamais. Car ce n'est pas toi que je suis venue chercher ici : c'est un autre que toi.

Celui que je suis venue chercher, quand mes pieds nus et blessés s'écorchaient sur les roches abruptes des enfers, c'était un autre, c'était le Seul dans le désert de mes larmes et des décombres, le seul aussi je crois qui puisse m'offrir tout ce que mon coeur et mon corps désirent.

Pour Lui que j'aime et moi qui ose croire en demain, les enfers traversés, je ne reviendrai pas.

Laisse nos Je(ux) s'éteindre comme en moi tout s'éteignit enfin, au bout de ma souffrance quand j'ai repris les armes pour mieux me relever, quand j'ai rangé soigneusement le passé avec la belle cravache de cuir et d'argent brossé.

Laisse-moi m'en aller, c'est mon ordre ultime, mon dernier désir, le seul que je puisse formuler.

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Commentaires
V
Pelleas : il sait bien des choses rares et difficiles, c'est pourquoi ce ne peut être que Lui ;) merci pour tes mots si touchants.
V
MAximilien : j'avance (mais ça m'empêche aps de pleurer hélas :( y a une petite hussarde qui a pas encore fait ses armes qui souffre à mes côtés, t'as oublié ?...)
P
Certaines femmes très rares et dont la beauté vient de si loin qu'on ne peut la définir, savent le chemin vers les paradis...Bienheureux sont les hommes qui ont su et qui savent les suivre, les aimer, leur donner ce qu'elles méritent sur cette terre d'exil. <br /> <br /> <br /> <br /> Je souhaite qu'il sache, celui que tu es venue chercher cette fois Val. Il sera comblé.
M
On ne peut comprendre de l'autre que ce que l'on connait de soi....<br /> <br /> Pleure pas, avance.
V
Tu me fais verser des larmes Maximilien...Tu sais pourquoi. Je sais que tu as tout compris. <br /> <br /> Ce qui me fait le plus mal c'est exactement ce que tu as décrit hélas :(
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